Pour faire le tour de la question, nous considérons que le patient est hospitalisé dans un service de soins à l’hôpital. Il est installé dans une chambre individuelle. Je suis le soignant (infirmière, aide-soignant, médecin ou autre). Quels sont les points importants à prendre en compte dans notre relation de soignant-soigné ?
Spécificités d’une personne aveugle

Une personne aveugle a développé les autres sens pour s’adapter à la vie quotidienne, notamment l’ouïe, l’odorat et le toucher pour ce qui concerne la relation à autrui.
La chambre du patient

Rappel : La chambre d’un patient est un espace privé, toute intrusion doit se faire avec l’accord de celui-ci (sauf urgence).
Quand nous passons dans les services de soins, les patients en chambre sont souvent très peu protégés car les portes sont ouvertes. Ce constat doit renvoyer le soignant au secret professionnel, à la protection du patient (droits du patient hospitalisé).
Comme pour tout autre patient, la chambre d’un patient aveugle doit être fermée. Elle prend ici encore plus son importance car ce patient a besoin de calme, de silence pour ressentir les changements de situations, les variations de température, de flux d’air… Le patient aveugle est très sensible au « ressentir ». C’est comme cela qu’il repère la présence de quelqu’un.
Il est donc plus qu’important de frapper à la porte, de s’annoncer clairement, et d’attendre la réponse du patient avant de s’introduire dans sa chambre.
Le soin au patient
Une fois dans la chambre, ne pas oublier de refermer la porte derrière soi. Il nous faut ensuite mettre le plus souvent possible des mots sur chaque situation :
se présenter à nouveau : Je suis (prénom, nom et fonction)
Je viens vous voir pour : prendre votre température, faire votre toilette, faire votre chambre, vous ausculter, vous donner des nouvelles de…
Je m’assois sur la chaise près de votre lit (se mettre à sa hauteur permet d’établir une relation d’égal à égal)

Je suis à votre gauche
Puis-je allumer ?
Je vais vous prendre la main gauche…
J’ouvre un flacon de désinfectant, l’odeur n’est pas très agréable
Je vais désinfecter la peau de votre main pour pouvoir poser une perfusion.
Je vais piquer…
Les mots sur les actes deviennent essentiels pour le respect du patient dans son intimité, son corps, qui est sa propriété privée, son espace.
La relation au patient prend tout son sens, celui-ci sera invité à échanger également :

dites-moi si ça vous fait mal
est-ce que la pression n’est pas trop forte ?
J’ai terminé le soin, est-ce que ça va ?
avez-vous besoin de quelque chose ?
Quels sont les enseignements que l’on peut en retirer ?
A réfléchir, cette façon de soigner devrait être systématique pour tous les patients.
Bien évidemment, nous apporterons une attention particulière aux connaissances, savoir-faire et autonomie de ce patient particulier (et les autres) pour ne pas tomber dans l’assistanat ou le « tout pouvoir soignant ».
Prendre le temps de mettre en mots nos actes et interventions, c’est remettre au centre de nos préoccupations le patient en tant que personne unique et responsable qui nous convoque à une attention particulière.
2 réponses
Coucou Josiane ,c est avec bcp plaisirs que je suis ton blog. Bravo encore. Au sujet d un patient aveugle,ca me fais penser ds la première maison de retraite que j ai travaillé (en 1983) il y avait une résidente qui était aveugle ,elle me racontait ,qu’elle a pu profiter de son fils jusqu a l’âge de 7 ans, et suite à une maladie elle est devenue aveugle. Et en te lisant je me revois à essayer d adapter à son quotidien,ce n était pas évident ,surtout sans expérience mais tous les jours on progressait . Ca fait 19 ans que je suis en réanimation. Tes conseils me seront très utiles. Bisous
Merci LEGER pour ton témoignage et tes encouragements.
Nous apprenons beaucoup de nos patients, ce qui nous permet de développer nos compétences.
Au plaisir de te lire et de partager nos expériences. Des bisous-coeur.